Promenade en auto.

Nous partîmes de bon matin. L'auto resplendissait... Seul, derrière, je ne cachais pas mon enthousiasme pour mon père qui conduisait à trente kilomètres à l'heure. Il profita de l'occasion pour me faire une leçon de morale :

- Vois-tu, une automobile c'est comme un être humain, il faut savoir la mener par les bons chemins.

Il se rappela alors qu'il connaissait un raccourci qui nous mènerait plus rapidement à Bayon. L'auto s'y engagea. C'était un chemin vicinal très mal entretenu.

- Ça au moins, dit mon père, c'est de la voiture. Ça passe partout ! Ma mère se laissait aussi gagner par notre joie. Elle était fière des housses qu'elle avait confectionnées elle-même et qui enveloppaient si bien les sièges.

- Je suis contente aussi pour la couleur. Le jaune et le rose de ce tissu ressortent tout à fait bien sur le fond noir de la carrosserie. Le voyage se serait poursuivi de la sorte si la situation n'avait gravement empiré, le chemin vicinal devenait de plus en plus impraticable. Il restait une côte à franchir, mais il avait plu la veille et les roues glissaient sur l'argile mouillée. Nous étions presque au sommet et l'on apercevait déjà le clocher de Bayon.

Mon père descendit en relevant le bas de son pantalon noir. Ma mère voulut le suivre mais, dès qu'elle posa le pied par terre, elle perdit l'une de ses chaussures à hauts talons et fut obligée de rester à l'intérieur avec moi. Mon père essaya de pousser la voiture par derrière, mais ce fut lui qui glissa, et je le vis se redresser, les mains pleines de boue.

Ma mère fondit en larmes.

- C'est toi qui l'as voulue cette auto de malheur !

Mon père ne répondit pas.

C'était la fin de l'automne et à cette heure matinale, le vent froid rougissait les yeux et faisait une goutte au bout du nez de mon père. Le soleil luisait d'un jaune pâle, sans chaleur, faisant briller la rosée sur l'herbe.

Près de nous, à demi caché par la pente du terrain, un paysan labourait en guidant son attelage de la voix. De la terre qu'il retournait montait un léger brouillard, et ses boeufs lançaient par leurs naseaux des jets réguliers de vapeur.

Mon père le regarda et tout d'un coup partit en courant dans sa direction. Je les vis parler ensemble et, au bout de quelques instants, ils revinrent avec les boeufs pour tirer l'auto.

Nous étions sauvés !

d'après Jean Lhote. La Communale.

Ed. du Seuil.

Promenade en auto. (d'après Jean Lhote)

1. A quelle vitesse roule la voiture ?


Serais-tu, toi, enthousiasmé par cette vitesse ? Pourquoi ?

 


 


2. Comment s'appelle la ville où se rendent les voyageurs ? _____________________________________________

3. Relève la phrase du père qui montre qu'il est enchanté de sa voiture .

 


 


4. Complète :

Le chemin était très boueux, mon père descendit en __________________________________________________________________________

 


5. Entoure ce qui est juste.

La mère fut obligée de rester à l'intérieur.

- parce qu'il faisait froid

- parce qu'elle ne voulait pas se salir

- parce qu'elle perdit une de ses chaussures

- parce qu'il pleuvait.

6. En quelle saison et à quel moment de la journée se passe cette scène ?

 


 


7. Quels détails montrent au paysan qu'il fait froid ?