La captivité de Margot.
Margot, la pie, est captive. On lui a rogné les ailes pour qu'elle ne puisse pas s'envoler.
Après le sommeil de la nuit, elle mangea les gâteaux et les friandises qu'on lui présenta, elle but dans la tasse l'eau fraîche qu'on lui versa. Elle examina tout avec soin...
Elle affectionna bientôt particulièrement la table d'où lui tombaient les bons morceaux. Pendant les repas, elle tournait autour des convives, le cou tendu de côté, la tête penchée obliquement pour suivre les mouvements qu'ils faisaient. Elle était là, avec le chien Miraut, qu'elle ne craignait pas beaucoup et le chat Mitis, aux allures doucereuses, aux oreilles extrêmement mobiles, à la queue perpétuellement en mouvement. Elle redoutait sa griffe acérée, car à la suite d'une violente querelle, ils avaient appris à respecter, l'un les griffes de l'autre, le second, le bec solide de la première.
Ses agaceries avec Miraut ne dépassaient jamais la limite des plaisanteries permises entre bons camarades. Quand un excès d'ennui ou un débordement de bonne humeur se manifestait chez Margot, elle allait furtivement par derrière, saisissait dans son bec le bout de la queue du chien, la pinçait légèrement, puis s'enfuyait en sautant et revenait, tandis que Miraut, pas très ennuyé au fond, ni fâché, lui tournait obliquement un gros oeil rond, poussait un grognement ou d'un geste brusque la menaçait de sa dent, sans jamais lui faire le moindre mal.
Margot ne se permettait pas de ces plaisanteries avec Mitis, et si par hasard un conflit surgissait pour l'attribution d'un morceau, elle battait prudemment en retraite après avoir envoyé, pour la satisfaction de son amour propre quelques bons coups de bec à son ennemi...
L'entrée de la maison ne donnait pas directement sur la rue; une petite ruelle, comme un large sentier, resserrée par deux bâtiments, et entre les cailloux de laquelle se dressaient des touffes d'herbe fine et robuste, y conduisait. Mais devant la porte, s'étendait une cour assez grande, à peine sablée, givrée d'herbe rase par endroits.
Sous la fenêtre de la maison, se trouvait un gros tronc d'arbre. Margot y sauta pour gagner sans encombre le sol, et ne voyant pas, dans cette aventure de danger immédiat. Alors, elle évolua par toute la cour et le hangar, sondant les trous, retournant les petites planches, remuant les cailloux, puis sautant par bonds successifs pour arriver à se percher sur une échelle, afin de pouvoir contempler d'assez haut, et de points de vue divers et variés le paysage. Le chat Mitis, assis sur le seuil, les oreilles horizontales, épiant sans en avoir l'air les bruits de la maison, la regardait faire avec indifférence.
Le clairon du coq l'effraya tout d'abord au point de la faire se cacher derrière les tas de bois du hangar; mais voyant, au bout d'un certain temps qu'elle n'était pas poursuivie, elle sortit et ayant reconnu la cause de ce vain tintamarre, elle demeura quelques instants tout étonnée qu'un oiseau si petit pût pousser des cris si compliqués et si perçants.
Elle vécut dès lors moitié dans la cour, moitié dans la maison, se promenant, farfouillant, observant ce qui se passait au dehors, clignant de l'oeil vers la rue, cherchant gravement sous les petits morceaux de bois, se perchant aussi haut que possible et guettant les moineaux qui l'agaçaient. Elle éprouvait un sentiment de jalousie indéfinie à les voir voleter librement. Elle cherchait à les assommer en leur flanquant de grands coups de bec, mais les autres ne s'y frottaient point et, s'ils ne craignaient guère les poules, ils évitaient Margot avec soin.
d'après Louis Pergaud
de Goupil à Margot
Ed. Mercure de France
1. Remplace les mots entre parenthèses par les termes exacts du texte.
des allures (douces qui ne correspondent pas à la réalité)
des oreilles (qu'il peut tourner dans toutes les directions)
sa griffe (aiguë et tranchante)
2. Remets en ordre :
elle la pinçait légèrement, elle revenait, elle allait furtivement par derrière, elle s'enfuyait en sautant, elle saisissait dans son bec le bout de la queue du chien.
3. Avec Mitis, Margot abandonnait la lutte, elle ________________________________________ prudemment ___________________________________________________________________________________________________________________ 4. Qu'y a-t-il devant la porte ?
Qu'y a-t-il sous la fenêtre ?
Où Margot va-t-elle se percher ?
Quand elle a peur, où se cache-t-elle ?
5. Complète : Les moineaux agaçaient Margot car elle éprouvait un ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________ à
6. Dessine les 2 animaux dont on parle et qui ne sont pas des oiseaux.