Les singes de la forêt vierge.

De tous côtés, les singes hurleurs faisaient retentir leurs cris.

De temps à autre, on entendait l'appel plus doux des caritas blancs. Ces petits singes adorent le miel, et tout autant les larves d'abeilles, mais ils n'ont pas encore trouvé de procédé pour se mettre à l'abri des piqûres. Ils se contentent de hérisser leur poil et de manger à même l'essaim d'abeilles sans grand souci des dards des insectes acharnés à défendre leur bien; parfois d'une main leste, ils en écrasent une douzaine. Ils reviennent de cette chasse enflés comme des outres.

Ces singes s'attaquent aussi aux iguanes*, ou plutôt à leur queue. Sans faire le moindre bruit et en se dissimulant derrière de grosses branches, le carita s'approche doucement du saurien. A peine celui-ci l'aperçoit-il, qu'il grimpe au haut d'un arbre; il n'a alors d'autre ressource que de se laisser tomber dans l'eau ou sur des lianes. Mais avant qu'il saute, le singe l'a rejoint et s'accrochant solidement à une branche par sa queue prenante, il saisit, de ses quatre mains, l'objet de sa convoitise gourmande.

L'iguane et le singe, l'un portant l'autre, ne tardent pas à dégringoler; l'iguane se débat, sa queue se casse, et le voleur escalade un arbre en croquant joyeusement le tronçon de queue.

Pour piller les champs de canne à sucre ou de maïs, les caritas se réunissent par bandes. Non contents de s'emplir le ventre et de se bourrer les joues, ils se chargent encore d'une demi-douzaine d'épis qu'ils emportent sur leurs épaules en marchant debout.

Tout malins que sont les caritas, ils ne savent pas éventer un piège bien plus compliqué pourtant. Ces voleurs effrontés ne se gênent pas pour visiter les cases* et faire main basse sur tout ce qu'ils trouvent. Ils ne touchent d'abord qu'à ce qui est déposé dans les paniers, ils mettent ensuite la patte dans les calebasses*.

Dès qu'ils en ont pris l'habitude, on perce, dans un de ces ustensiles, un trou juste assez grand pour que la main du singe puisse y entrer vide, et on place au fond un épi de maïs ou un fruit à chair résistante. On quitte la pièce et le carita accourt: il guettait du haut de sa branche.

Introduisant sa patte dans l'ouverture, il saisit l'objet qui le tente, mais son poing, une fois fermé, est trop gros pour sortir. Le voleur n'a pas l'idée de lâcher sa proie, et comme la calebasse est fixée au mur, notre singe reste prisonnier jusqu'à ce que le maître de la case vienne chercher son rôti.

d'après Armand Reclus

Exploration aux isthmes de Panama et de Darien (1877)

75 aventures vécues (Gründ)

* un iguane est une sorte de crocodile qui vit sur terre, il mange les serpents.

* une case est une habitation primitive.

* une calebasse est un fruit à écorce épaisse qui, vidé et séché, sert de récipient.

1. Quel est le nom de ces petits singes blancs ?

 


2. Cherche dans ton dictionnaire et copie la définition qui convient.

un essaim ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

3. Le singe veut-il dévorer l'iguane tout entier ? quelle partie de son corps l'intéresse ?

 


4. Vrai ou faux.

Quand l'iguane aperçoit le singe

il se cache dans les cannes à sucre ____________________________________

il se glisse sous un rocher ___________________________________________

il grimpe en haut d'un arbre _________________________________________

il saute sur le toit d'une case _________________________________________

5. Les voleurs prennent tout ce qu'ils trouvent, dans le texte on dit :

Ils font _____________________________________________ sur tout ce qu'ils trouvent.

Le singe saisit l'objet dont il a envie, on dit l'objet _________________________________

6. Que met-on au fond de la calebasse ?

_____________________________________________________________ ou __________________________________________________________________________

7. Pourquoi le singe reste-t-il prisonnier ?

 


Que suffirait-il qu'il fasse pour se dégager ?

Il suffirait qu'il _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________