Jonny.

L'auteur a recueilli un petit chimpanzé blessé.

Les yeux du chimpanzé s'agitaient, tout brillants, couleur noisette. Il me regardait avec une curiosité mêlée de crainte. Je lui dis : «A dater d'aujourd'hui, mon petit bonhomme, tu t'appelleras Jonny.» Puis je pris une couverture et la dépliai sur le sol.

«Maintenant Jonny, viens te faire soigner ! »

Il fit la moue, se mit à gémir, puis se débattit comme un diable lorsque je voulus le prendre dans mes bras. Je lui administrai alors une légère fessée ainsi que le font, je l'avais constaté, toutes les mères chimpanzés. Jonny, alors, se laissa faire sans broncher. Tout étonné, il me regardait comme pour me dire:

«Mais ma mère m'en faisait autant ! En somme, rien n'est changé, inutile d'avoir peur !»

A partir de ce moment tout se passa le mieux du monde. Perché sur mon épaule, Jonny noua ses bras autour de mon cou.

Le soir venu, Jonny sentit subitement la fatigue et vint lui-même partager mon lit de camp. Le lendemain matin, de très bonne heure, il bondit hors du lit. Je le vis escalader une caisse qui faisait à la fois office de table, de bureau et d'armoire à vêtements et s'y installer, bras croisés, attendant que je me lève à mon tour. Son attention fut alors attirée par le réveil posé à côté de lui, sur la caisse. Cette chose extraordinaire l'intriguait; toute la nuit, le tic-tac avait troublé son sommeil. Il le prit, le secoua et le porta à son oreille. Le tic-tac continuait. Agacé, Jonny mordilla les parties saillantes. Cette fois le réveil s'insurgea et se mit à sonner. Ahuri, Jonny lança le réveil sur la caisse, puis sauta sur le lit comme s'il avait eu le diable à ses trousses. Il vint se pelotonner auprès de moi et tira les couvertures sur sa tête. Si je faisais mine de vouloir les enlever, Jonny hurlait comme un enragé. La sonnerie terminée, Jonny se calma peu à peu et son nez vint dépasser la bordure du drap.

Quand le jour fut levé, le premier regard du chimpanzé fut pour le réveil. Immédiatement, il se coula sous les couvertures, repris d'une peur panique. Je saisis l'instrument, l'empaquetai dans un chiffon et le cachai sous le lit. Aussitôt Jonny rassuré, émergea de dessous les couvertures, jeta un coup d'oeil furtif autour de lui et noua ses bras à mon cou qu'il serra convulsivement.

Puis Jonny assista à ma toilette matinale. Je venais à peine de savonner mon visage quand, s'emparant de la savonnette que j'avais déposée près de moi, il l'avala avec une visible satisfaction. Puis il plongea la tête dans le baquet d'eau savonneuse et en lapa consciencieusement une bonne partie.

Côte à côte, Jonny et moi, nous nous assîmes sur une caisse pour prendre en commun notre déjeuner. Je préparai à l'intention de mon protégé une tasse de flocons d'avoine délayés dans du lait additionné de sucre. Jonny saisit la tasse, respira l'odeur qui s'en dégageait avec les signes évidents du contentement le plus entier. Malheureusement, il commit l'imprudence d'y plonger le nez tout entier. Alors furieux, il lança d'un geste parfaitement détaché contenant et contenu sur mon lit de camp.

Puis sans aucune hésitation, Jonny m'arracha des mains la tasse de thé que je tenais, la renifla longuement, poussa un grognement approbatif et la vida d'un trait.

d'après Henri Oberjohann

Mon gorille et mon chimpanzé

traduit de l'allemand par Henri Daussy

© Ed. Buchet-Chastel, Paris.

1. Les yeux du chimpanzé expriment deux sentiments, lesquels ?

____________________________________________________ et la ___________________________________________

2. Souligne ce qui est dans le texte.

Avec ce que tu as souligné, récris la phrase du texte.

3. Quelles étaient les différentes utilisations de la caisse ?

4. Remplace ce qui est entre parenthèses par les termes exacts du texte.

Le réveil (se révolta contre les mauvais traitements de Jonny).

Jonny sauta (comme si un démon le poursuivait).

Jonny jeta un coup d'oeil (rapide et en cachette).

5. Barre les produits dont on ne parle pas dans l'histoire.

6. Dans toutes les aventures du chimpanzé, laquelle te paraît la plus amusante ?

Résume-la par une courte phrase.

7. Illustre cette phrase.