L'île aux chevaux. III.

(Le poulain noir)

Nous avons continué l'escalade. L'herbe se raréfiait et disparut totalement avant même que nous ayons atteint le sommet de la falaise. La dernière partie du trajet n'était que calcaire noirci, pelé, dénudé, à l'exception d'une rangée de fleurs roses un peu en retrait du bord de la falaise. Nous nous sommes étendus à plat ventre, nous avons rampé jusqu'à l'extrême limite pour regarder en bas. Et là, nous sommes restés silencieux un bon moment.

Les falaises tombaient à pic, comme si elles allaient finir dans la mer, mais à leur pied, s'ouvrait une longue et vaste plaine, toute tapissée d'une herbe tendre et moelleuse. D'un côté un frais ruisseau courait vers l'océan. Là, les vagues venaient mourir doucement sur un rivage en pente douce, une plage d'argent.

A marée basse, la grève était découverte et sèche, c'était le seul passage vers la vallée. Celle-ci était bordée de falaises qui la coupaient du reste de l'île. Même déserte, cette vallée aurait été délicieuse, mais ce qui nous laissait sans voix, incapables de faire autre chose que regarder, c'était cette merveilleuse et mouvante arabesque que dessinaient les chevaux galopant. Il y en avait bien une trentaine. La plupart étaient des poneys gris argent, mêlés à quelques bais et à des noirs. Leur chef semblait être un farouche poney noir, peut-être le descendant de celui qui avait amené le soldat espagnol. L'encolure cambrée, la crinière et la queue flottantes, il caracolait et virevoltait. Quand il franchit d'un bond le ruisseau, tous le suivirent. S'il s'arrêtait un moment, tous s'arrêtaient. Plusieurs juments noires étaient accompagnées de poulains trottant près d'elles.

Tout à coup, le chef s'arrêta et se mit à brouter, et tout devint calme et paisible.

La chaleur du soleil sur notre dos, la douce chanson des vagues, les mouvements des chevaux, tout contribuait à nous rendre heureux. Pat murmura: «Je voudrais qu'on puisse rester ici pour toujours. Je voudrais ne jamais rentrer à la maison.»

Les deux amis décident de ramener chez eux, un poulain.

Nat dit:

«Nous embarquerons le poulain dans le bateau depuis l'appontement.

_ Le petit noir qui court si vite ?

- Naturellement, c'est le plus beau de tous. »

Nous avons contourné le pied de la falaise. Arrivés au tapis gazonné de la vallée, nous avons ralenti l'allure pour ne pas effrayer les chevaux.

En nous apercevant près d'eux, ils nous regardèrent fixement, mais ne prirent pas la fuite.

- Ils n'ont jamais vu personne jusqu'ici, dit Pat.

C'était merveilleux de s'approcher d'eux tandis qu'ils buvaient au ruisseau, ou passaient tranquillement, et de leur flatter l'encolure jusqu'à ce que leurs oreilles en frémissent de plaisir...

Le poulain noir n'avait pas plus de sept à huit mois. Son pelage brillait comme du satin, ses jambes étaient si droites, si élancées, qu'on se demandait comment elles pouvaient le porter, et ses petits sabots arrondis étincelaient comme des galets fraîchement lavés par la mer. Il tourna son long cou cambré pour nous regarder. Pat étendit lentement le bras et flatta le cou du poulain. Celui-ci frissonna, puis vint plus près de lui. Pendant que le poulain, immobile, se laissait caresser, Pat empoigna sa crinière derrière les oreilles et y entortilla ses doigts. Puis très doucement, nous nous sommes dirigés vers la plage, le petit cheval trottant paisiblement entre nous. Il balançait sa longue queue et semblait tout à fait content.

d'après Ellis Dillon

l'île des chevaux

traduit de l'anglais par Huguette Perrin et Nicole Rey

Ed. Nathan (bibliothèque internationale.)

1. Entoure ce qui te paraît juste.

Pour regarder en bas, les enfants se sont étendus à plat ventre et ont rampé jusqu'à l'extrême limite

parce qu'ils jouaient aux Indiens.

parce que le vent très violent aurait pu les renverser.

parce que la falaise était très haute et ils avaient le vertige.

2. Complète :

Au pied des falaises, s'ouvrait _______________________________________________________ toute tapissée _______________________________


3. Remplace ce qui est entre parenthèses par le terme exact du texte.

- Cette merveilleuse et mouvante (figure formée par les chevaux qui s'entrecroisent)

 


- A marée basse la (partie du terrain couverte de gravier et de sable) était découverte et sèche.

 


- La plupart étaient des poneys gris argent, mêlés à quelques (chevaux à la robe brune dont la crinière et le bout des pattes sont noirs).

 


- Nous embarquerons le poulain dans le bateau depuis (la plate-forme le long de laquelle le bateau est amarré).

 


4. Les enfants sont heureux. Que murmure Pat ?

 


 


5. Les chevaux ne prennent pas la fuite. Comment Pat l'explique-t-il ?

 


6. Quel âge a le poulain noir ? _________________________________________________________

7. Souligne la phrase du texte.

Pat étendit lentement le bras et flatta le cou du poulain.

Pat allongea lentement le bras et caressa le cou du poulain.

Pat étendit doucement le bras et flatta le cou du poulain.