La Reine des poissons. I
Il y avait dans la province du Valois, au milieu deds bois de Villers-Cotterets, un petit garçon et une petite fille qui se rencontraient de temps en temps sur les bords des petites rivières du pays, l'un obligé par un bûcheron nommé Tord-Chêne, qui était son oncle, à aller ramasser du bois mort, l'autre envoyée par ses parents pour saisir de petites anguilles que la baisse des eaux permet d'entrevoir dans la vase en certaine saison. Elle devait encore, faute de mieux, atteindre entre les pierres des écrevisses, très nombreuses dans quelques endroits.
Mais la pauvre petite fille, toujours courbée et les pieds dans l'eau, était si compatissante pour les souffrances des animaux, que le plus souvent, voyant les contorsions des poissons qu'elle tirait de la rivière, elle les y remettait et ne rapportait guère que les écrevisses, qui souvent lui pinçaient les doigts jusqu'au sang, et pour lesquelles elle devenait alors moins indulgente.
Le petit garçon, de son côté, faisant des fagots de bois mort et des bottes de bruyère, se voyait exposé souvent aux reproches de Tord-Chêne, soit parce qu'il n'en avait pas assez rapporté, soit parce qu'il s'était trop occupé à causer avec la petite pêcheuse. Il y avait un certain jour dans la semaine où ces deux enfants ne se rencontraient jamais... Quel était ce jour ? Le même sans doute où la fée Mélusine se changeait en poisson.
Le lendemain d'un de ces jours-là, le petit bûcheron dit à la pêcheuse : «Te souviens-tu qu'hier je t'ai vu passer là-bas dans les eaux de la rivière avec tous les poissons qui te faisaient cortège... jusqu'aux carpes et aux brochets; et tu étais toi-même un beau poisson rouge avec les côtés tout reluisants d'écailles en or».
- Je m'en souviens bien, dit la petite fille, puisque je t'ai vu, toi qui étais sur le bord de l'eau, et que tu ressemblais à un beau chêne vert, dont les branches d'en haut étaient d'or..., et que tous les arbres du bois se courbaient jusqu'à terre en te saluant.
- C'est vrai, dit le petit garçon, j'ai rêvé cela.
- Et moi aussi j'ai rêvé ce que tu m'as dit : mais comment nous sommes-nous rencontrés tous les deux dans le rêve ? ...
En ce moment, l'entretien fut interrompu par l'apparition de Tord-Chêne, qui frappa le petit avec un gros gourdin, en lui reprochant de n'avoir pas seulement lié encore un fagot.
- Et puis, ajouta-t-il, est-ce que je ne t'ai pas recommandé de tordre les branches vertes qui cèdent facilement et de les ajouter à tes fagots ?
- C'est que, dit le petit, le garde me mettrait en prison s'il trouvait dans mes fagots du bois vivant ! Et puis, quand j'ai voulu le faire, comme vous me l'aviez dit, j'entendais l'arbre qui se plaignait.
(à suivre)
1. Complète :
Ce conte se déroule dans la province du __________________________________ au milieu des bois de _____________________________________________________________________________
2. L'oncle du petit garçon se nomme ______________________________________________________
Il oblige son neveu à __________________________________________________________________
3. Barre ce qui n'est pas dans le texte :
On parle
de brochets | de truites |
d'anguilles | de goujons |
de carpes | d'écrevisses |
de crevettes | de poisson rouge |
4. Quel est le nom de la fée qui se change en poisson certain jour ?
____________________________________________________________________________________
5. Complète :
La petite fille dit :
Je m'en souviens puisque je t'ai vu, toi qui _________________________________________________________
_____________________________________________________ et que ________________________________
___________________________________________________dont ____________________________________
___________________________________________________________________________________________
6. Encadre les vraies raisons :
Le petit garçon ne voulait pas mettre de branches vertes dans les fagots
parce qu'elles étaient difficiles à casser.
parce que le garde le mettrait en prison.
parce que l'arbre se plaignait.
7. Dessine le petit garçon et la petite fille sous la forme qu'ils prennent un certain jour.