Dawa, le petit tibétain. I.
Je m'appelle Dawa, et je suis né dans l'Hymalaya. Je suis Tibétain. Mon pays c'est le pays des montagnes, le pays le plus haut du monde. Chez nous, l'air est le plus pur et le soleil le plus fort. C'est pourquoi au Tibet, les choses qui sont très loin ont l'air tout près, ainsi mon pays n'est pas comme les autres.
Ce n'est ni un pays froid ni un pays chaud, pourtant il fait très froid et il y a beaucoup de neige toute l'année sur le sommet des montagnes, mais dans les vallées au soleil il fait très chaud. C'est surtout un pays haut, et quand on est haut tout paraît différent, les gens, les choses de la vie.
Peu d'étrangers sont venus au Tibet nous voir car il n'y a pas de routes, donc pas d'autos, pas de trains, et il faut marcher presque un mois pour arriver, et ensuite autant pour repartir, alors rares sont ceux qui viennent, et presque personne ne sait comment nous vivons là-haut.
Ma maison est construite sur le bord d'une grande vallée, avec des pierres et de la terre dure blanchie à la chaux tous les ans. C'est là que vivent mes parents et mon grand frère. Ils s'occupent des champs et des chevaux, des vaches et des yaks. Au Tibet, les hommes ont les cheveux longs comme les femmes, papa a deux grandes nattes qu'il enroule autour de sa tête comme maman. Moi aussi j'avais des nattes mais quand je suis parti au collège, on m'a coupé les cheveux tout courts. On fait ça à tous ceux qui vont au collège. J'ai dix ans, je suis pendionnaire et au collège j'apprends à être sage car mon pays c'est, avant tout, un pays bon. Chez nous, on ne tue même pas une mouche ou une fourmi car il ne suffit pas d'être bon et sage, il faut aussi ne jamais faire du mal.
Mon collège est très grand et il est situé dans l'intérieur d'un immense château. J'ai reçu un uniforme : une grande robe rouge, une écharpe rouge et une chemise en soie rouge et or tout comme celle des professeurs. En arrivant, j'étais un peu triste, mais quand j'ai vu qu'il y avait beaucoup de garçons de mon âge, j'étais très content. Nous venions pour apprendre à lire et à écrire et à être sage, très très sage, mais nous riions quand même beaucoup et nous faisions souvent des bêtises.
Le château était tellement grand qu'au début je me perdais dans les couloirs et dans toutes les salles. Il y en avait de très jolies, entièrement peintes, c'était celle des professeurs. D'autres étaient destinées aux provisions, le blé et le riz, le sucre et le beurre. D'autres servaient à abriter les chevaux et le foin ou bien c'était des salles de réunion.
Dès que je suis arrivé au collège, on m'a donné un ami qui s'appelle Nyma, cela veut dire le jour, comme mon nom, Dawa, veut dire le mois. Alors tout le monde disait : «voilà Nyma et Dawa» et en riant on ajoutait «voilà le temps qui passe ». Moi je ne trouvais pas ça drôle.
Au collège, rien n'était comme à la maison. D'abord il fallait que je fasse ma propre cuisine. C'était très amusant. Dans le château, il y avait une grande pièce, noire de fumée, où il y avait une trentaine de petits feux.
Le matin, on allait dans la grande salle et tous les garçons s'asseyaient par terre sur des coussins, puis un domestique venait avec un grand panier de riz. Alors chacun étalait sur ses genoux une serviette blanche sur laquelle on versait une grosse louche de riz. Ensuite, je descendais avec Nyma à la cuisine, où nous prenions un feu, une casserole et une bouilloire et on commençait la cuisine. C'était pour moi comme un jeu, on riait beaucoup dans la cuisine. Je faisais cuire le riz et Nyma faisait du thé en laissant bouillir l'eau avec des feuilles de thé, il ajoutait aussi du sel et du beurre, car chez nous, le thé, c'est une vraie soupe chaude et très nourrissante; parfois on met des oeufs dans le thé, cela donne une soupe à l'oeuf.
Nyma et moi, nous inventions des plats, en mettant du riz dans la soupe ou bien de la soupe sur le riz ou du piment. Après, il fallait laver la vaisselle et nettoyer les tasses que nous devions garder toujours avec nous dans une poche autour de la taille.
(à suivre)