Escalibor, l'épée du Roi Arthur.

Les légendes des Chevaliers de la Table Ronde nous viennent de Bretagne. Elles datent de plus d'un millier d'années. Le Roi Arthur est un des plus célèbres de ces chevaliers.

L'enchateur Merlin conduisit le Roi Arthur à travers les forêts qui couvraient alors la Bretagne. Un soir, ils arrivèrent au bord d'un lac entouré de sombres collines. Une barque semblait les y attendre, elle les mena jusqu'au milieu du lac. Là, soudain, une magicienne, «la Dame du lac », apparut, tandis que, près d'elle, une épée jaillissait des eaux.

La Dame du lac ordonna à Arthur de s'en saisir et l'enchanteur Merlin ajouta: «Nul autre que toi ne pourra s'en servir ». Cette épée magique s'appelait Escalibor. Elle était lourde, splendide et brillait de mille faux car des pierres précieuses en ornaient la poignée et le fourreau. Grâce à Escalibor, le Roi Arthur accomplit les plus fameuses prouesses.

Quand, au soir de sa vie, Arthur, blessé, sentit qu'il était sur le point de mourir, il retourna aux rives du lac, soutenu par un chevalier en qui il avait toute confiance, Sir Bedivere. Là, le roi lui tendit son épée et lui ordonna d'aller la jeter au milieu du lac, à l'endroit où elle lui avait été remise.

Mais quand le chevalier vit les pierreries qui ornaient l'arme et son fourreau, il souhaita la garder pour lui, déplorant qu'un tel bijou disparaisse à jamais dans les eaux. Il cacha donc Escalibor dans les roseaux qui poussaient alentour et revint près du Roi Arthur lui assurant qu'il avait obéi à ses ordres.

«Qu'as-tu vu alors ? » lui demanda le roi.

- Je n'ai vu que les rides de l'eau qui baigne les roseaux, répondit Bedivere.

- Honte à toi ! Mauvais chevalier, tu me trompes, tu n'as pas fait ce que je t'ai demandé. Va, retourne, et jette l'épée au milieu du lac !

Sir Bedivere s'éloigna, mais ne put se résoudre à précipiter une si précieuse épée dans le lac, et une deuxième fois il dissimula Escalibor dans les roseaux et ne jeta que le fourreau, non sans regrets.

A nouveau le Roi Arthur lui demanda ce qu'il avait vu et à nouveau le chevalier ne put que lui parler des vagues qui agitaient la surface de l'eau. Arthur, très courroucé, répéta son ordre pour la troisième fois. Sir Bedivere faisant taire sa cupidité, se souvint qu'il y allait de son honneur de chevalier de la Table Ronde et il lança de toutes ses forces l'épée magique au milieu du lac.

Avant qu'elle n'ait touché l'eau, un bras puissant sortit du lac, la saisit, la brandit par trois fois vers le ciel avant de l'entraîner dans les flots où tout fut englouti.

Bedivere revint en hâte vers Arthur et lui raconta ce prodige. Le roi sut ainsi que le chevalier avait accompli sa mission.

Sir Bedivere prit le roi affaibli sur les épaules et il marcha le long des rives du lac jusqu'à une barque amarrée près du bord. Cette barque était celle-là même où Arthur était monté avec l'enchanteur Merlin, naguère.

Trois belles dames couvertes de capuchons noirs y étaient installées, parmi elles se trouvait la dame du lac. Elles pleurèrent en apercevant le Roi Arthur en si pitoyable état.

«Maintenant, dépose-moi dans la barque, dit le roi. »

Ce que le chevalier fit, avec douceur. Les trois dames le reçurent et l'allongèrent. Le roi appuya sa tête sur l'épaule de la dame du lac. «Pourquoi avoir tant tardé loin de moi, cette blessure en votre tête est bien cruelle, soupira-t-elle. »

Et les dames se mirent à ramer.... La barque s'éloigna du rivage où le chevalier demeura seul.

Lorsqu'il eut perdu de vue la barque qui emportait son roi, Sir Bedivere se mit à pleurer et à gémir, puis il se dirigea vers la forêt où il marcha toute la nuit.

d'après diverses traductions

adaptation M. Audran