Les visiteurs venus d'un autre monde. II.
Rassurés à leur tour, les deux extra-terrestres ôtent leur combinaison et devant nos yeux émerveillés aparaissent un homme et une femme magnifiques. La femme a une longue chevelure rousse, un corps aux proportions admirables, de longues mains fines. L'homme, à peine plus grand, est très brun et aussi beau que sa compagne. Leur visage aux lignes d'une grande pureté est illuminé par un regard d'une douceur extraordinaire. De quelle couleur sont leurs yeux immenses ? bleu, vert, gris, marron... je pourrais énumérer toutes les couleurs sans trouver la bonne car ils sont de toutes les couleurs à la fois.
«Merci» dit l'homme qui connaît quelques mots de notre langue. Puis grâce à la boîte métallique, une conversation s'engage. D'où viennent ces voyageurs ? d'un autre monde ?
«Venez, disent-ils. Là-bas, dit la femme, c'est notre planète ! » Et elle nous montre Vénus qui étincelle.
Ils viennent de Vénus ! Je les regarde et me sens envahie d'une sorte de tendresse .... Des Vénuziens ! ...
Sur la pelouse, la lune éclaire un curieux engin : on dirait une grosse cigogne. Voici ses pattes fines qui soutiennent un corps en forme d'oeuf; au bout d'un long cou raide est perchée une petite tête munie d'un bec fin.
«C'est ça votre soucoupe volante ! » dit Madeleine médusée.
Et nos visiteurs éclatent de rire. Nos visages, en effet, doivent être assez comiques.
«C'est notre vaisseau cosmique, nous expliquent-ils, il est propulsé par l'énergie atomique mais le champ magnétique de la comète a déréglé le transformateur. Pour effectuer la réparation, nous devions poser l'appareil. Si vous pouvez nous héberger cette nuit, demain nous nous mettrons au travail. »
C'est vrai, nous avions oublié ! Ils sont fatigués. Vite un lit. Madeleine leur cède sa chambre et me rejoint dans la mienne. Mais nous ne dormirons guère.... Ces extra-terrestres, comme ils nous ressemblent !
Le matin nous réunit autour de la table où est servi le petit déjeuner. Roger est si étonné par cette aventure qu'il en oublie son bavardage habituel. Il ne quitte pas des yeux nos visiteurs. Ceux-ci manifestent leur étonnement devant la nourriture terrestre. Ils goûteront à la confiture, au pain beurré, au lait, mais visiblement ils n'apprécient pas ! De leur «Grosse Cigogne » ils ont tiré un paquet de plaquettes aux couleurs variées: la nourriture vénuzienne. A notre tout de goûter. Roger laisse échapper un «pouah ! » de dégoût et Madeleine et moi-même ne sommes pas loin d'en faire autant !
Et le vaisseau cosmique ? nos visiteurs vont nous faire l'honneur de leur engin. Nous grimpons par un petit escalier escamotable. L'intérieur de cette «Grosse Cigogne » est très bien aménagé: une partie est réservée à l'habitation, l'autre partie est la salle des machines. Que de boutons de toutes couleurs, de fils qui se croisent et s'entrecroisent, d'écrans de télévision, de cadrans, de pédales, de manettes ! ... Nous écarquillons les yeux, tandis que les deux Vénuziens s'affairent pour remettre leur vaisseau en état. La rapidité, la précision de leurs gestes, la façon dont ils s'aident en se complétant l'un l'autre nous laissent rêveurs. Nous les écoutons se parler dans leur langue si chantante. Combien de temps a duré la réparation ? Une heure ... deux heures... Maintenant les voyageurs sont prêts à partir. Ils vont enfiler leur combinaison et bientôt nous les verrons disparaître à tout jamais. Nous sommes tristes, et eux aussi, leurs grands yeux nous le disent !
«Nous reviendrons ! » promettent-ils.
La porte du vaisseau est fermée. L'immense oiseau replie ses pattes, tourne sa petite tête, et en quelques secondes il a décollé et disparaît dans le ciel. Je sens une larme couler sur ma joue....
Mais où suis-je ? Qu'y a-t-il ? Qui m'appelle ?
- Louisette, Louisette.... Réveillez-vous ! crie Madeleine. Le petit déjeuner est servi !
J'ouvre les yeux.... C'était un rêve, un si beau rêve ! Un instant encore je ferme les yeux pour essayer de le retenir. Mais la bonne odeur du café vient chatouiller mes narines.... Vite, à table !
L. Prager
Inédit.