Au fond des mers.

Soit à l'aide de scaphandres, soit enfermés dans des tourelles ou des sphères d'observation appelées bathyscaphes ou bathysphères, les hommes apprennent à connaître les animaux qui vivent dans la mer, parfois à de très grandes profondeurs.

On y découvre des animaux extraordinaires !

Voici les baudroies que vous pouvez voir au marché où on les vend sous le nom de lotte. Ce sont de gros poissons très sombres de peau, au corps massif, aux nageoires en pinceaux, à la gueule énorme et hérissée de cornes qui font qu'on les appelle aussi «diables de mer».

Pourquoi portent-elles une lanterne sur une corne, au-dessus du nez ? Pour s'éclairer ? non !

Cette corne dotée d'un feu à son extrémité est une véritable canne à pêche. La baudroie fait danser ce feu devant sa gueule, tandis qu'elle demeure tapie sur le fond. Les proies attirées par cet appât sont aussitôt happées par la gueule qui s'ouvre.

N'est-ce pas un curieux poisson que cette baudroie qui pêche à la ligne ?

A une grande profondeur, sur la vase qui couvre le fond de la mer, vit un poisson qu'on appelle «le lézard profond».

Il est beau avec une peau sombre et de belles nageoires déployées. Il mesure de vingt-cinq à vingt-neuf centimètres et porte sous le ventre deux antennes aussi longues que lui, élégamment recourbées en arrière, et un «rayon» de sa queue, très allongé lui aussi, décrit une même courbe. Ces trois appendices traînent sur le sol ou le frôlent et ainsi guident le poisson car ce poisson est aveugle.

Voici maintenant des poissons-dragons de mer, au ventre d'un vert brillant; d'autres en forme de serpents, minces et raides avec des mâchoires pointues et effilées, qui se tiennent immobiles et presque verticalement dans l'eau.

Jules Verne raconte que dans la mer des Antilles, le Nautilus est attaqué par des calmars géants qui l'enlacent si bien qu'une de leurs tentacules vient bloquer l'hélice et stopper le navire.

Jules Verne n'avait pas inventé l'existence des calamars géants, il connaissait certainement l'étrange rencontre d'un bateau de la marine française.

Voici un récit de l'époque:

« Le 30 novembre 1861, vers 2 heures de l'après-midi, alors que nous étions sur la route des Açores aux Canaries, nous avons aperçu à la surface de la mer une sorte d'épave qu'on distingua très mal, tout d'abord.

- Commandant ! La vigie signale un débris flottant par bâbord devant.

- C'est rougeâtre, dit un matelot, on dirait un bout de mât.

- Pas du tout ! reprit un camarade, c'est un paquet d'herbes.

- Les enfants, vous n'y entendez rien, c'est une barrique !

- Mais non; ça remue.

- Oui, c'est un animal ! Vous ne voyez pas ses pattes ?

Cependant, l'Alecton, c'était le nom du bateau, approchait de toute la vitesse de sa machine. Bientôt, il devint certain qu'on était en présence d'un animal monstrueux nageant à la surface de l'eau. C'était un poulpe ou un calmar de cinq à six mètres de long, armé de bras beaucoup plus longs encore et couverts d'énormes ventouses. Sa bouche en bec de perroquet pouvait offrir cinquante centimètres d'ouverture.

Son corps en forme de fuseau, mais très renflé vers le milieu, se terminait par deux nageoires arrondies d'un très grand volume. Les yeux à fleur de tête avaient une grosseur prodigieuse, une teinte verte et une effrayante fixité.

On jugea que le poids seul du corps pouvait bien atteindre deux mille kilos.»

Qui sait si un jour on ne pêchera pas le serpent de mer !

d'après Pierre de Latil

Du Nautilus au Bathyscaphe

Ed. Arthaud.